C'est une voiture ancienne des années 60. J'aime l'élégance de sa forme, le bruit et la sensation que l'on ressent en la conduisant. C'est comme un voyage dans le temps. C'est aussi ce que j'aime dans les vieilles maisons.
Entreprenant et curieux.
Mon professeur de dernière année d'architecture parlait souvent de manière énigmatique, ce qui me laissait supposer qu'il y avait encore plus à découvrir. Cette curiosité m'est restée.
J’ai pris conscience que des maisons merveilleusement conçues et de grande qualité sont remplacées par des immeubles collectifs médiocres, parce que quelqu'un veut encore «parquer» un peu d'argent. Ce manque d'intérêt pour les biens culturels a fait de moi un défenseur de la culture architecturale.
J'aimerais être doué pour le mouvement; j'aime regarder quelqu'un qui bouge bien, qui danse bien ou qui nage bien.
Être en route avec ma famille et mes amis, réussir un projet, découvrir des choses et des lieux ou ramer tôt le matin sur un lac lisse comme un miroir.
Un comportement ignorant.
La patrie n'est pas forcément interchangeable, mais on peut avoir des lieux et des personnes avec lesquels on a un lien. De tels lieux pourraient alors être la deuxième et la troisième patrie. Dans mon cas, c'est Berne, le lac de Constance et encore un peu Zurich.
Oh oui, c'est la patrie des lotissements en terrasses avec des balustrades en verre, des rocailles avec des boules de céramique bleues, des remblais de terrain et des murs de soutènement en blocs de granit.
Je défends une action responsable, le respect de notre héritage culturel, mais je m'engage aussi pour un développement qui pense à la culture, à la communauté et aux générations futures. L'esprit de jardinage individuel montre aujourd'hui son visage raté dans les villages et les villes.
Une bonne culture du bâti implique d'agir avec circonspection dans le paysage local, d'exiger de l'architecte et du constructeur qu'ils créent un futur monument historique et de pouvoir répondre à la question de savoir quelle est la contribution individuelle à la collectivité.
Le plus important est l'intérêt et la volonté de se pencher sur la matière. L'expérience aide certainement aussi. Le fait d'avoir le sens des lieux ou des bâtiments de qualité facilite le processus d'apprentissage.
Les uns trouvent cela important et bon, les autres se demandent d'où vient la motivation, d'autres encore pensent que je collectionne des points de karma pour le paradis des architectes...
Malheureusement, il s'agit souvent de limiter les dégâts plutôt que d'aider à la mise en place d'une bonne solution. Dans le premier cas, les forces réunies ont permis d'éviter une destruction sans précédent de la ville par une autoroute prévue à travers le centre de Bienne. Comme exemple positif, j'ai récemment pu contribuer au jury d'un mandat d'étude pour le bon développement d'Erlach, le projet prévoyant également la conservation de l'usine existante.
Je constate qu'il n'est pas facile de distinguer la conservation des monuments historiques et la protection du patrimoine. Par ailleurs, j'entends souvent dire «nous n'avons pas pu faire cela à cause de la protection du patrimoine». En règle générale, il y a toujours une solution, mais il manque parfois l'imagination et la volonté de chercher une solution.
Prendre un bon architecte et être aussi conscient, en tant que maître d'ouvrage, de la responsabilité que l'on a de transformer ou d'agrandir un bien culturel.
Je pense que l'on peut continuer à construire du neuf, mais il faudrait renforcer l'exigence de qualité et le sentiment collectif de faire quelque chose pour la société. Le rendement n'est qu'un aspect parmi d'autres.
Il faut avoir la fierté de vouloir créer quelque chose de beau en pensant à la société, à l'environnement et à l'avenir. Il faut que le grand public soit sensibilisé à la culture du bâti. Et il faut des investisseurs qui ne cherchent pas à faire des bénéfices rapides, mais qui ont l'ambition que les générations futures puissent également en profiter.
Tout à fait. On essaie de se décharger de ses responsabilités en réglementant le plus de choses possible sans que le résultat n'apporte de valeur ajoutée. Cela commence par le règlement de construction, qui ne garantit pas de bonnes maisons, et se termine par la certification des éléments de construction, qui ne garantit ni la durabilité ni la qualité.
Peu de règles, mais du bon sens qui permette de construire de bonnes maisons et un large sens des responsabilités vis-à-vis de la société. Des villages au lieu d'espaces de maisons individuelles individualisées et des villes au lieu de constructions de lotissements en série.
Et d'ailleurs, on oublie souvent que c'est en architecture que la beauté est la plus durable. Une belle maison se transmet de génération en génération. 50% de l'énergie est consommée lors de la construction d'une maison.
Interview Beatrice Born